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La Légion Rhumaine

Compte rendu des dégustations du club de rhum et de ses activités.

21 ème dégustation - Septembre 2016

Publié le 15 Septembre 2016 par La légion Rhumaine

21 ème dégustation - Septembre 2016

Nous revoilà de retour pour la rentrée, après des vacances bien méritées (ou pas).

Pour débuter notre soirée, le traditionnel cocktail. Nous avons décidé d'aller dans une préparation un peu plus élaborée que d'habitude (j'entends par là que ça prend un peu plus que 30 secondes...). C'est en fait une variante du très célèbre planteur. Voici ce dont vous avez besoin et comment le réaliser :

21 ème dégustation - Septembre 2016

- shaker

- doseur

- glace pilée

- 4cl rhum Beach House

- 4cl jus d'orange

- 4cl jus d'ananas

- 1cl jus citron vert

- un trait de sirop de cerise

- quartier d'orange

Mettez un fond de sirop et disposez la glace pillée dans un verre style old fashionned. Mélangez les autres ingrédients dans le shaker et versez le contenu dans le verre. Décorez avec le quartier d'orange et c'est parti. Ça nous a franchement plu. C'est un apéritif hyper frais et gourmand. Pour ce qui est du rhum, nous avons trouvé ce Beach house parfait pour ce cocktail. Ses notes de coco, d'épices et d'écorce d'orange se sont mariées à merveille avec les autres ingrédients. Belle petite entrée en matière donc !

Débutons maintenant notre line-up en partant vers L'île de la Réunion :

Isautier 7 ans

21 ème dégustation - Septembre 2016

Pour la première fois au sein de la légion, partons à la découverte de cette distillerie familiale se trouvant être la plus ancienne de l'île. C'est respectivement en 1832 et 1834 que Louis et Charles Isautier s'installent à Bourbon (actuellement la Réunion) et investissent, presque dans la foulée, dans leurs premières terres. Les deux frères épouseront par la suite deux cousines germaines et fonderont en 1845, en partie grâce à leur femme, une entreprise destinée à la production de sucre et de rhum. A la mort de Louis en 1861 et de Charles en 1865, c'est l'épouse de ce dernier, Antoinette Orré, qui reprend l'affaire qu'elle rebaptisera « Veuve Charles Isautier et fils ». En 1881, c'est Alfred Isautier, petit fils de Charles et Antoinette, qui rachète les parts de ses frères et qui bâtit les « Établissements Isautier ». Ses produits sont alors distribués dans le monde entier. Bien plus tard, dans les années 1960/1970, Charles Isautier (né en 1917) décide de faire évoluer la société en offrant aux consommateurs toute une série de produits fabriqués localement (confiture, chocolat, vinaigre, parfum, bougies, aliments pour bétails, matelas). C'est finalement dans les années 1980 que l'entreprise se consacrera exclusivement à la production de rhum. A ce jour, la société produit annuellement 7.000 hectolitres d'alcool pur (soit environ 17.000 hectolitres de rhum et de spiritueux). La marque propose ainsi des rhums agricoles, des rhums de mélasse, des punchs, des arrangés. L’édition de ce soir est un assemblage de rhum agricole ayant vieilli 7 ans en fût de chêne européen. 40%/vol, on (re)découvre...

 

21 ème dégustation - Septembre 2016

Au niveau de la couleur, nous sommes sur du vieil or d'une belle brillance et aux légers reflets dorés. C’est moyennement gras et l'épaisse couronne laisse redescendre assez facilement les fines jambes.

Le nez, d'une belle puissance aromatique est assez agréable et des plus parfumés. Le bouquet est résolument porté sur les fruits avec de l'ananas (en abondance), de la pêche et des fruits exotiques. Les agrumes et plus particulièrement le citron jaune apportent, pour leur part, une certaine acidité. L'ensemble devient ensuite plus floral, herbacé et épicé sur le poivre. Le boisé sous une forme plus humide se fait relativement discret alors que nous avons un retour intéressant du sucre roux et du massepain. L'alcool, quant à lui, ne s’est quasiment pas fait détecter.

La bouche est très accessible, ronde, gourmande et fruitée. Nous restons sur la continuité du nez avec des fruits à profusions (ananas, mangues et fruits exotiques) et les épices plus marquées (poivre et muscade). L'alcool est bien intégré et le boisé, toujours humide se fait toujours aussi discret. Des notes mentholées et fumées se sont également faites ressentir. La fin de bouche, plus végétale et marquée par une petite amertume, s'est montrée légèrement astringente.

La finale, relativement moyenne se montrera assez douce avec l'omniprésence des fruits (ananas, mangues et fruits de la passion). Le boisé, bien maîtrisé, se montrera quant à lui, plus présent. Le poivre et à nouveau une petite amertume, feront leur apparition en rétro-olfaction.

Pour être honnête, bon nombre d'entre nous avions eu l'occasion de découvrir ce rhum au dernier Rhumfest à Paris. Un peu moins adepte des rhums arrangés de manière générale, nous avions eu envie de découvrir les rhums vieux de la marque. Ce 7ans nous avait alors déjà plu pour son accessibilité et son côté hyper fruité. L'expérience de ce soir a confirmé tout le bien que nous pensions de lui. Petit regret, la finale jugée un peu courte par certains. Le nez, des plus prometteurs, sera de toutes les manières parvenu à nous faire oublier ce petit bémol... Un très joli produit en tout cas qui ne devrait pas tarder à arriver en vente chez nous.

 

Ne nous éloignons pas trop puisque nous restons sur cette île, à l’endroit précis où une distillerie porte le même nom qu’une de ses rivières:

Rivière du Mât Opus 5

21 ème dégustation - Septembre 2016

Créée fin du 19ème siècle par Léonus Bénard et actuellement implantée à Saint Benoît, la distillerie Rivière du Mât est devenue l’une des plus importantes de l’île. Toujours attachée à une sucrerie, elle produit à ce jour des rhums agricoles et des rhums de mélasse. L’édition de ce soir, l’Opus 5 ne fait pas référence à son âge mais au nombre de cuvées ayant été nécessaires à la réalisation de cet assemblage. En effet, cinq rhums agricoles vieillis en fût de chêne provenant de l’Allier (de 6 à 12 ans) ont été sélectionnés afin de réaliser cette cuvée d’un âge moyen de 8 ans. Affichant 43%, embouteillé en 2007 et limité 6280 exemplaires, il s’agit du cinquième tome de la collection cercle des tangliers (sorte de groupe formé par des passionnés de la marque). Les quatre premières versions étaient les suivantes : millésime 1993 (I), XO première version (II), royal blend (III) et brut de chais (IV). Depuis lors, bien que cette collection se soit perpétuée (6 ans, millésime 2004), ces cuvées ne sont malheureusement plus référencées sous forme de tome...

21 ème dégustation - Septembre 2016

La couleur est d’un ambre profond aux reflets cuivrés tirant sur l’acajou. Les larmes sont grasses, bien épaisses et se laissent descendre calmement le long des parois.

Le nez s’ouvre lentement sur des notes chaudes (cuir et de tabac froid), fumées et boisées. Il faut un peu de temps pour que l’ensemble ne devienne plus sirupeux et gourmand avec l’apparition de fruits (pruneaux, cerise noire, orange sanguine). L’alcool est présent mais n’empiète sur aucun autre arôme. En fond nous avons un côté anisé et une petite acidité (zeste d’orange).

L’attaque se fait, dans un premier temps, tout en légèreté avant que la puissance ne se développe subitement et envahisse nos papilles. Cette bouche vive et assez évolutive, sera alors portée sur les épices (poivre), le bois, le café et les fruits tropicaux (de manière assez brève). Une pointe de réglisse fera également son apparition en fin de bouche.

La finale, plutôt sèche, est longue sur la réglisse et un côté boisé prenant peut être un petit peu trop le dessus. Celui-ci, presque sous forme de sciure, semble en effet moins bien intégré. Le chocolat noir apportera, quant à lui, une petite touche d’amertume agréable en rétro-olfaction.

Ayant déjà eu l’occasion de déguster et d’apprécier le XO de la marque, nous avions hâte de tester cet Opus 5 dont nous avions entendu le plus grand bien. Nous avons pu constater avec plaisir que sa réputation n’était pas usurpée. Son nez des plus riches et sa bouche si consistante ont indéniablement été les points forts de la dégustation. La finale, moins bien équilibrée, s’est montrée (un rien) plus décevante. Cela reste cependant un excellent produit, comme Rivière du Mât à l’habitude de nous en proposer. Malheureusement, les stocks se font rares et il vous sera de plus en plus difficile d’en faire l’acquisition. En ce qui nous concerne, nous avons pu nous la procurer pour 65€ (Merci Seba). Dans un futur plus ou moins proche, nous aurons l’occasion de déguster la dernière version de la collection cercle des Tangliers : Le millésime 2004.

 

Nous quittons de cette bien belle manière l’océan Indien afin de retrouver avec plaisir une distillerie que nous avons récemment découvert et dont nous sommes, pour la plupart, tombés sous le charme :

Reimonenq 2009 Fernand’or

21 ème dégustation - Septembre 2016

C’est en 1916, en Guadeloupe au nord de Basse-Terre et plus précisément dans la commune de Sainte-Rose que les Frères Reimonenq (Fernand et Joseph) ont fondé leur distillerie. En 1959, le fils de Fernand, Léopold âgé de 26 ans, prend les rênes de la distillerie. Celle-ci sera malheureusement détruite suite à un incident électrique en 1969 mais Léopold se chargera de faire tout reconstruire. Annexé à la distillerie, le musée du rhum a été bâtit pour sa part en 1989 et accueille les visiteurs depuis 1990. Pour le rhum de ce soir, il s’agit d’un millésime rendant hommage à l’un de ses créateurs. Issu de la récolte 2009 et distillé en colonne, ce cœur de chauffe (rhum blanc agricole) a été mis en fût de chêne pouvant contenir 200 à 600 litres durant 5ans. Notons, en effet, que depuis sa sortie officielle en 2014, les stocks restants de ce millésime (au départ, 74 hectolitres soit l'équivalent de 25.000 bouteilles) ont continué de patienter dans les fûts de chêne tout en subissant une perte annuelle de 8% (part des anges). Les mises en bouteilles se font par vague de 1.000 bouteilles à raison de plusieurs fois par an. Notons que pour les premières embouteillages de 2016, ce rhum avait en réalité 6 ans. Par conséquent, les prochaines sorties de cette année seront, quant à elles, âgée de 7 ans. Enfin, signalons que contrairement aux autres embouteillages officiels de la marque en rhums vieux (40%), excepté la RQL(44%), ce Fernand'or affiche 42%. Assez blablaté, on déguste!

 

21 ème dégustation - Septembre 2016

Nous avons une magnifique couleur ambre cuivré aux généreux reflets dorés. C’est fluide, gras et les larmes, se laissant lentement glisser vers le fond du verre, s’en donnent à cœur joie.

Le nez, résolument gourmand et pâtissier, est typique de la maison. Le bouquet s’ouvre d’abord sur les agrumes et les fruits caramélisés (en particulier l’ananas). Totalement maîtrisé et sans pour autant devenir écœurant, cela devient plus sucré avec la présence du massepain et du sucre vanillé. L’ensemble toujours aussi parfumé et flatteur évolue finalement vers des notes plus florales et plus épicées avec le poivre blanc. D’aucune agressivité et tout en douceur, il s’agit, pour nous, d’un modèle du genre.

La bouche est vive, complexe et consistante. L’alcool, assez bien intégré, se fait cependant quelque peu sentir à l’attaque. Les fruits, plus en retrait, laissent ici pleinement s’exprimer la canne fraîche et les épices (poivre et muscade). Le boisé, plutôt bien balancé se fond sur la vanille et la réglisse qui apporteront à nouveau cette gourmandise si bien représentée.

La finale, toujours aussi riche, est longue et moelleuse sur le bois et les épices.

Énième confirmation ce soir que cette distillerie, trop peu plébiscitée (j’insiste vraiment), fait un travail remarquable. Avec ce millésime, les marqueurs typiques de la maison ont été à une nouvelle fois représentés à merveille. Avec de la fougue mais surtout de la maîtrise, cette cuvée nous offre de très belles perspectives de ce que la marque peut proposer. Comme bien souvent avec Reimonenq, nous avons dégusté le produit sans trop l’appréhender, en prenant du plaisir en toute simplicité. Malheureusement abonnée absente sur les étagères de nos cavistes, cette cuvée se situe aux alentours de 55€ sur les sites de ventes spécialisés…

 

Nous sommes, comme d'habitude, arrivés à la moitié de notre soirée.

A bientôt pour la suite...

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